Source : Laurence Bruder Sergent – http://www.vox-animae.com
En ce mois d’octobre 2016, une émission diffusée sur la chaîne à Très Faible intelligence a encore illustré la cruauté commise par deux pseudos professionnels.
On les voit cracher sur les chiens, les pincer, les pendre avec leurs laisses, les traîner, enfourner la main dans leurs gueules […], et ne pas tenir compte des signaux de terreur exprimés.
Même quand l’animal terrorisé essaie de se cacher derrière les jambes de sa maîtresse, il est extirpé et forcé à subir encore son calvaire.
Les méthodes exhibées font croire à des résultats rapides, et le public non averti en est subjugué.
Décryptage des images et des attitudes
Je précise qu’aucun acteur n’est visé sur sa personnalité, ce ne sont que les moyens que je commente ainsi que leurs répercussions sur les animaux.
C’est la violence, souvent physique, toujours émotionnelle, que les chiens subissent, qui rend les démonstrations aussi aisées. Après quelques minutes de traitement intensif, le chien est dans une sidération que l’on peut voir à l’œil nu.
À force de contrer les comportements, contraindre, interdire, empêcher, forcer le chien à tolérer ce qu’il n’accepte pas au départ ou ne sait pas gérer émotionnellement et physiquement comme ses humains le voudraient, on le rend totalement amorphe, apathique, en état presque végétatif (sans réaction de vie, de joie ou d’excitation).
Par des séances de contention interminables, de maintien, de blocage du chien jusqu’à complète reddition, on arrive à un émoussement émotionnel, une disparition de la peur (qui est pourtant une émotion vitale), une suppression des réactions, une absence d’enthousiasme, une inhibition des initiatives, des troubles de la mémoire, de l’humeur, du comportement, une permanente détresse qui génère donc un calme constant, un électroencéphalogramme réduit à son minimum, bref, l’équivalent d’une « lobotomie » de l’animal. C’est l’impuissance apprise, le chien sait qu’il ne peut s’échapper à ce qui lui arrive.
Si vous vous intéressez à la question, n’hésitez pas à renseigner sur le syndrome de Klüver-Bucy, qui recense les impacts que l’on constate sur les chiens passés entre les mains de soi-disant utilisateurs de méthodes non violentes et énumère les répercussions possibles sur le long terme.
Méthodes non violentes à la Cesar Milan (encore un personnage de téléréalité) ?
Méfiez-vous, elles le sont. Il ne s’agit pas tant des coups infligés au corps que tout le monde peut arriver à repérer avec un peu d’empathie, mais surtout ceux portés au mental de chaque individu maltraité de la sorte.
Allez voir sur un hébergeur de vidéos ce qu’un dresseur français (maquillé en éducateur comportementaliste) fait subir aux « chiens difficiles » en les retournant au sol et les maintenant jusqu’à relâchement musculaire, en leur crachant à l’oreille un chchchchchchch durant toute la séquence. Il parait qu’il va comprendre ainsi qui est le dominant (oui, oui).
Vous comprendrez pourquoi il porte des gants !
Renseignez-vous sur le « submissive roll over » ou « alpha roll »…c’est aussi une méthode répandue par certains qui ont contaminé trop de monde, comme une épidémie de maladie vénérienne grave.
Il y a aussi cette vieille émission passée en 2004 sur la même chaîne (étonnant ? non…) présentant un « éducateur » mandaté par l’école vétérinaire de Maison Alfort pour régler les « problèmes de comportements des chiens »… à la force des bras. Vous constaterez que les résultats sont sans appel : sur les 3 chiens montrés, il y a 1 euthanasie, 1 abandon, 1 traumatisme.
Malheureusement elle est toujours d’actualité puisqu’un ersatz vient d’être proposé sur un créneau porteur du dimanche soir avant le journal télévisé.
En visionnant ces vidéos accessibles gratuitement sur le net, vous comprendrez pourquoi ces messieurs ressemblent à des armoires à glace, portent des gants, utilisent des colliers étrangleurs et électriques, parlent de hiérarchie, de dominance, de soumission, de loup alpha… et pourquoi leurs propres chiens se déplacent en rasant les murs, ont la queue basse, les yeux éteints et les oreilles plaquées sur le crâne…
Nous pensons, nous professionnels et amateurs éclairés, que la fin ne justifie pas les moyens, que certaines attitudes sont des maltraitances, des violences intolérables, inacceptables, qu’il n’est plus possible de tolérer.
La violence est le dernier refuge de l’incompétence, disait Gandhi. Alors pourquoi croit-on encore en 2016 qu’il n’y a que par la contrainte que l’on obtient la coopération d’un chien ?
Nous sommes pourtant en mesure, si nous le voulons, de signifier aux chiens par nos comportements qu’ils n’ont pas le pouvoir de nous mettre en colère, que nous ne cèderons pas à leurs agitations, que nous restons calmes, et qu’ils peuvent nous faire confiance ! La force physique ne doit pas primer sur l’intelligence.
Ce n’est pas compliqué, en quelques heures de formation, n’importe qui peut apprendre à le faire.
Veillons d’abord à nos propres attitudes, avant de vouloir imposer aux chiens de bien se comporter. C’est cela qui nous grandit, pas la soumission de l’autre par la manière forte.
Mais comprendre demande des efforts…
Vous savez dans quel camp je me trouve : celui de « l’effort », pas « les forts ».
Note : aucun acteur n’est visé sur sa personnalité, ce ne sont que les moyens que l’on commente ainsi que leurs répercussions sur les animaux.